JACQUES BAGE
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SELECTED WORK
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ANGELO VULLO
SELECTED WORK
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Cette peinture s’est développée un temps selon divers motifs décoratifs. Mais elle ne s’y limita nullement. Comme pour bon nombre d’artistes de la modernité (depuis Matisse jusqu’à Wim Delvoye, en passant par Christopher Wool) l’usage des arts décoratifs d’Orient ou d’Occident est ici le moyen d’accéder à une force de l’art que les images ne procurent pas, ou rarement.
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Ensuite, Angelo intensifia son décorum pictural en termes de réseau. Ce dernier étant à vrai dire aujourd’hui, l’incarnation la plus vive des trames anciennes de la mosaïque et de la tapisserie. Grande maturité de cette peinture et correspondance même dans la recherche et la durée avec les technologies de notre temps. Les réseaux d’Angelo Vullo m’apparaissent comme les textiles minéraux d’un vaste entrelacs pixellisé. Quelque chose d’ancestral et de nouveau, comme si Seurat, Klee, Byzance, Mondrian, Bonnard et quelques autres pouvaient ici être relus.
Le décoratif, en effet, est une voie royale de l’abstraction. On y géométrise le sensible sans pour autant le soustraire au plaisir d’un chacun. Les Primitifs le savaient, y encourageant une écriture visuelle collective. En quelque sorte, Angelo Vullo expérimenta là sa peinture comme une sorte de milieu. Le spectateur ne la regardait pas à distance mais selon une sorte de corps-à-corps avec une couleur florale.
​ Pierre Sterckx, 2013
Sous les pavés la plage
Peintures récentes de Jacques Bage
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Depuis les années 1970, quand Jacques Bage est entré en peinture, comme on approche d’une vallée immense pour un long et fertile chemin, son œuvre n’a cessé d’évoluer, de se modifier et de sourire à la vie, donnant à son parcours une cohérence et une fidélité remarquables.
Une fidélité, tout d’abord, à cet intérêt jamais démenti pour un espace pictural, où le noble et classique concept de Paysage a pris, avec délectation, tous les chemins de traverse s’étant présentés avec le temps. C’est sous les apparences du visible que les peintres découvrent la structure et la figure des choses.
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Le paysage, notre lieu intime
Une constante, pourtant, depuis les climats aériens et voluptueux des brouillards subtils vus dans les années 1980/90 jusqu’aux toiles les plus récentes, où de grands arcs traversent l’espace, induisant un carrefour de rythmes d’une étrange musicalité. Cette constante a toujours témoigné d’une palette solaire et indéfectiblement heureuse.
Déjà, on voyait dans les compositions d’alors des architectures en ouvertures. Réseaux de champs chromatiques, toujours perturbés et ravivés à la fois, par la solennelle présence d’un à-plat de couleur tendre, ensoleillée, courbée, tendue et toujours donnant à la composition une identité étonnamment légère.
Légèretés, bonheurs, ensoleillements sont peu courants dans le domaine de l’art. Et si Hockney ou Viallat en sont d’exemplaires représentants, le drame, la tragédie et la folie du monde restent prépondérants dans le souci créateur des artistes.
La galerie de Marc Minjauw nourrit depuis longtemps cet intérêt pour la couleur, si bien que l’on s’y rend souvent afin de s’y abreuver de vitalité chromatique.
« Le paysage, c’est ce que l’on voit du pays », nous renseigne l’étymologie.
Regardant ce paysage, nous ne percevons qu’un instantané de son devenir. Et ce destin, façonné par tous les bouleversements de la grande Histoire, y creuse un abîme fait des colères du climat et du piétinement sapiens, modelant sans fin le contour de ses formes et le caractère de ses déchirements.
Les constructions humaines apparues et disparues ont continué le travail. La nature toujours, reprenant force et vigueur, participe à l’éternelle sculpture de notre terre, de notre paysage, notre berceau…
Il est donc tellement légitime de la part de l’artiste, a fortiori s’il est peintre, d’en observer le miracle, d’en tenter l’interprétation, comme il ferait d’une réponse à une énigme.
Aujourd’hui, Jacques Bage, dans la complexe genèse de ses compositions, montre la somme importante d’un nouveau parti-pris.
Ces images, en apparence flottantes et souples mais néanmoins architecturées, dialoguent entre surfaces peintes et jeux d’ouvertures.
Problématiques et conventions culturelles de la couleur
Le peintre est un homme libre. Et le peintre Bage dans son atelier se libère des diktats culturels. S’il est communément entendu qu’aimer la couleur, c’est en faire le bon choix, nous restons étonnés d’observer les peintres se jouer de ces pseudo-règles et de ces vrais conformismes. Les tons chauds, les tons froids ? Pure fiction socio-culturelle ! Et leur placement sensible dans l’espace pictural aussi (on le sait aujourd’hui). Mais qu’on le veuille ou non, cette ambiguïté génère, au fond, la vie même du tableau dans les renouvellements de notre modeste perception.
On se souvient du plan frontal de Mondrian, tout en songeant, ravi, au mot si juste, qui désignait ces images du monde flottant, exprimé dans les estampes du 19ème siècle japonais.
Les peintures récentes de Jacques Bage optent pour cet enjeu frontal risqué. Et ce qui fonctionne alors est un va-et-vient perpétuel en doux glissements et calmes ouvertures. Les fenêtres sur ciel bleu se fixent alors un instant avant de disparaître.
Le phénomène provoqué par ces compositions trouve sa propre dynamique, et la peinture s’active en une série d’invitations mutuelles entre dehors et dedans. La page ondule parfois et c’est tant mieux, elle y trouve mouvement de lumière.
Répertoire labyrinthique des couleurs, l’art de Jacques Bage nous invite à en inventer les nouveaux noms. Les véritables coloristes, si rares, témoignent d’intentions souvent poétiques puisque leurs œuvres, excitant chez nous la mécanique faillible de nos yeux, ensemencent les territoires méconnus de notre imaginaire.
Sous-jacentes aux compositions de la présente exposition, palpitent encore toutes celles qui ont ponctué le parcours du peintre.
Sous les pavés, la plage.
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Boris Almayer
Février 2022
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Ondulations chromatiques
La peinture de Jacques Bage est un voyage à travers des champs de couleurs douces ou vives. Elle invite le regard à explorer des paysages chromatiques surprenants où la valeur proche des couleurs offre des contrastes saisissants.
Ses itinéraires bien tracés ont des contours nets et ondulants qui s’emboitent les uns dans les autres tel un puzzle dont chaque pièce est à sa place exactement.
Plus question de circuits, de lignes droites, de transparence mais plutôt des enchâssements, qui invitent l’œil à trouver le chemin de la structure dans le dépouillement. La structure est le tout, elle exprime la dématérialisation du volume qui tend à révéler la nature profonde de l’œuvre. Elle ne garde que l’essentiel.
L’épuration, ce ‘presque rien’ révèle une intensité rare. Derrière ces éléments simples se cache une véritable réflexion.
L’esthétique n’est pas une priorité et des formes organiques juxtaposées en résultent. Elles doivent désormais être simplifiées avec une économie de moyens et de facture.
Plus de porte, plus de limites, la circulation d’un plan à un autre est libre. Les parois ne définissent pas un espace mais le divisent et remplissent leurs fonctions porteuses qui mettent en relation l’intérieur et l’extérieur. L’expérience et l’esprit de ces formes découpées créent un effet qui focalise intensément l’espace environnant, le transfigure. La peinture révèle l’espace dans lequel elle est exposée.
Il n’y a cependant jamais rien de catégorique dans la peinture de Bage.
Ce qui pourrait paraître volontariste par le tracé déterminé est au contraire imprévu. L’artiste spontané dans son geste, joue avec les couleurs, se laisse surprendre, nous surprend.
Jeu de dialogues où couleurs et formes se livrent à un spectacle libérant la peinture de ses tendances cérébrales. La structure joue avec une part de rêve et d’irrationnel.
Sans nous imposer la simplicité, la peinture de Bage nous entraîne avec entrain et couleurs vers une perfection qui élimine le superflu.
L’artiste en désencombrant l’espace pictural nous ramène à cette question très actuelle. Que pouvons-nous supprimer ? Où est donc l’essentiel ?
Nathalie Bage, février 2022
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Imaginons…
Nous nous approchons de l’homme perdu dans ses pensées du « Voyageur contemplant une mer de nuages » de Caspar David Friedrich. Nous allons à sa rencontre. Celui-ci est de dos dans sa position immuable depuis tant d’années. Il a vu se dérouler le fil du temps, se bousculer les saisons, s’arcbouter les jours, défiler les menus et grands faits des siècles. Nous nous plaçons à ses côtés et pouvons presque entendre le souffle de sa respiration lors de sa contemplation du paysage.
Ce qu’il guettait nous était resté invisible, caché par sa silhouette. Nous découvrons ce qui retenait ce voyageur immobile avec tant d’acuité patiente. Une vision d’un entre ciel et terre mouvant laissant place à tous les au-delà des brumes. Autre côté du miroir à la Lewis Carroll, trouée permettant d’y découvrir tout ce qui fait paysage.
Sans doute Jacques Bage s’en est-il approché avant nous !
Passons de l’autre côté de ce voile brumeux pour y découvrir ce qui nous est offert à voir.
Chemin de rêve, chemins de traverses.
Nous entrons dans une fenêtre du temps et de l’espace où le soleil brille au fronton. Est-il jaune, bleu, orange ? Des plages vertes, rouges, violettes… Des champs azur, roses, paille, cyan… Des forêts ocre, vermillon, magenta… Des lignes d’horizon centrales et courbes inattendues.
Par des aplats de formes longitudinales et verticales vibrantes ne connaissant pas la raideur de la ligne droite ainsi que par le chant de la couleur, la composition prend forme. Tension et sérénité s’y côtoient sans concurrence.
Sommes-nous dans un songe joyeux, dans la métaphore d’une ode à la vie ?
Jacques Bage nous invite à ce voyage, à son voyage vers le rivage de ses rêves. Ses œuvres nous sont proposées comme autant de cartes postales-mentales imaginaires de villes dont elles portent le nom pour titre. Ces toiles nous ouvrent une fenêtre vers un monde où seule compte la plénitude de la couleur dans la recherche instinctive d’un accord lumineux entre les surfaces colorées et dépouillées.
Il s’y ressent une jubilation intérieure dansante, la main libérée de toute espèce de procédé acquis.
« Un ton seul n’est qu’une couleur, deux tons c’est un accord, c’est la vie ! » ( Henri Matisse)
Jacques Bage a assimilé et mûri la leçon du maitre pour notre bonheur visuel.
Chantal Bauwens
février 2022
JACQUES BAGE
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Jacques Bage was born in Liège in 1942. He studied painting and engraving at the Royal Academy of Fine Arts in Mons, Belgium.
He created compulsory still lives and portraits, while much more interested in the observation of nature and effect of daylights.
Landscape and big open spaces were already his favorite subjects. Jacques Meuris, the author of the 1989 essay on the painter’s work even chose to title it “The landscape as metaphor”.
Initially perceptible, then allusive, the landscape as such would reach its peak with Bage in “sight” or reflection of his mood.
The compositions of seventies and eighties are vaporous, full of mist and smoke swept by the wind. They are marked with lights, caught between dusk and dawn and reveals a mysterious nostalgy. Rather than colours, it’s diluted tones and shades of white. They reveal an almost impressionist touch, full of transparency. The pastel technic is one of intangible touch, strengthening the meditative intention of the work.
From the nineties till present, the canvas and drawings are rich in contrast, born of the juxtaposition of bright colors.
The yellow evokes sand, the blue the sea or air, the red for sun or blood. According to the artist, we should not seek to read meanings and he refers to it as his « pictural wanderings ».
Large and flexible movements are at the basis of the spontaneity of the primitive move and chromatic dispersion.
As time passes, Bage proceeds with more linear and radical lines, modulated by supple and fragmented lines.
Many composition develop into different depths, creating focal points of soft energy.
Like warm and rythmic music, the free and vibrant organisation of shapes is an invitation to enter these « virtual well of lights ». The soul of his work. Often painting on large scales, Bage seems to inhabit these landscapes with an ascending strength. Above the horizon, and towards the sky, his paintaings rise in front of the viewer’s eyes.
Jacques Bage reminds us, with a smile, of our condition of « beings close to the ground by essency ». He declares : « we are close to the ground, isn’t it our fate to look upwards, always seeking the rainbow after the storm ? »
Michel Van Lierde, 2017, February.
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