JACQUES BAGE
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SELECTED WORK
JACQUES BAGE
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JACQUES BAGE
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ANGELO VULLO
SELECTED WORK
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Cette peinture s’est développée un temps selon divers motifs décoratifs. Mais elle ne s’y limita nullement. Comme pour bon nombre d’artistes de la modernité (depuis Matisse jusqu’à Wim Delvoye, en passant par Christopher Wool) l’usage des arts décoratifs d’Orient ou d’Occident est ici le moyen d’accéder à une force de l’art que les images ne procurent pas, ou rarement.
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Ensuite, Angelo intensifia son décorum pictural en termes de réseau. Ce dernier étant à vrai dire aujourd’hui, l’incarnation la plus vive des trames anciennes de la mosaïque et de la tapisserie. Grande maturité de cette peinture et correspondance même dans la recherche et la durée avec les technologies de notre temps. Les réseaux d’Angelo Vullo m’apparaissent comme les textiles minéraux d’un vaste entrelacs pixellisé. Quelque chose d’ancestral et de nouveau, comme si Seurat, Klee, Byzance, Mondrian, Bonnard et quelques autres pouvaient ici être relus.
Le décoratif, en effet, est une voie royale de l’abstraction. On y géométrise le sensible sans pour autant le soustraire au plaisir d’un chacun. Les Primitifs le savaient, y encourageant une écriture visuelle collective. En quelque sorte, Angelo Vullo expérimenta là sa peinture comme une sorte de milieu. Le spectateur ne la regardait pas à distance mais selon une sorte de corps-à-corps avec une couleur florale.
​ Pierre Sterckx, 2013
PHILIPPE HUART
Philippe Huart travaille sur différents niveaux de perception et donne à visiter ses carnets de vie
ou à faire le tour de ses fantasmes. Plusieurs lectures sont suggérées par ses toiles : esthétique,
porteuse de messages, lyrique ou réaliste dans une fiction du quotidien pour rendre compte de
l’uniformité et du désordre des informations visuelles qui nous bombardent.
Son iconographie a le souci de ne pas dévoiler ce qui fonde les rapports métaphoriques établis
entre les objets et ne les rend que plus fascinants. Le peintre privilégie les surfaces réfléchissantes
où le spectacle alentour, hors champ, vient s’inscrire comme un film sur l’écran. Toutefois,
ce qui est représenté, contraste considérablement au monde inoffensif et redoré de la publicité :
pilules et instruments chirurgicaux, fils barbelés, révolvers, masques à gaz… priment aujourd’hui
dans ces toiles.
Son oeuvre s’attache à des zones de hautes définitions de l’image. Mais ses toiles n’ont pas grand
chose à voir avec leur apparence ou les objets représentés. Elles constituent plutôt un ensemble
de motivations et de propositions. Du document photographique initial, il retire les éléments anecdotiques
qui risqueraient de détourner l’attention du sujet principal de la composition. C’est le
traitement de l’image qui l’intéresse avec toutes les ambiguïtés de la représentation.
Dans l’art de Philippe Huart, la souffrance et l’extase, des extrêmes de la coexistence humaine,
sont en effet très proche. À la fois dans ses peintures et dans ses dessins, le défi du spectateur
n'est pas de juste regarder à la surface, mais de s’aventurer dans un second regard troublant. Et
ici, Philippe Huart n’a pas peur de transgresser des limites ou de briser les conventions.
Ainsi les gélules que le peintre prescrit ne dissimulent pas sous leurs couleurs alléchantes les
effets secondaires et pernicieux que leur attirance voudrait faire ignorer. La dépendance à ses
nouvelles Nourritures Terrestres dévoile la portée critique de l’oeuvre et son authentique pouvoir
de perturbation.
Il semble que l’artiste est moins intéressé par la reproduction fidèle de l’image que par l’illusion
optique qu’elle représente. Il a une approche conceptuelle du sujet et introduit des mots mettant
l’écriture en représentation pour conjuguer texte et images de manière variée, toujours avec une
certaine finesse. Il aime toujours les reflets du monde extérieur sur les surfaces chromées des revolvers…
Son goût des effets de matière, ses coups de brosses, ses glacis, s’expriment avec une
maîtrise et une science qui évoquent les peintres des natures mortes hollandaises. La miraculeuse
rencontre du brio et du fini dans l’harmonie des volumes et des couleurs donne à ses compositions
une perfection rythmique d’une fascinante singularité.
Leurs finitions parfaites leur ôtent tout message purement philosophique, social ou revendicatif
mais laissent percer leur insidieuse violence. Huart se concentre sur un niveau de recherches
quasi anesthésiantes, stupéfiantes où la signification de l’image le rapproche des artistes conceptuels.
Son travail d’une vibrante polychromie reflète paradoxalement une émouvante tonalité, très
sombre, qui semble profondément marquée par la mort.
Sa peinture est animée d’intentions ou plutôt de provocations qui ne représentent pas mais créent
une autre réalité à laquelle le spectateur apporte sa propre réponse sensible ou cognitive selon
l’expérience, l’affectivité ou la culture de chacun.