Quand Robert vint au monde, le surréa- lisme avait deux ans : ils grandirent donc ensemble, l’aîné tenant le petit par la main. En l’occurrence, ce fut plutôt le poète Paul Colinet, ami et complice notamment de Louis Scutenaire, René et Paul Magritte, et E.L.T. Mesens, et par bonheur oncle de Robert, qui l’invita à entrer dans le monde étrange du surréalisme, qui plus est, du surréalisme belge.

 

Cette belgitude ne l’empêcha pas d’être remarqué par Breton et Duchamp pour participer à l’Exposition internationale du surréalisme qui s’est tenue à la Galerie Maeght à Paris en 1947. En 1949, Robert partit pour le Congo, l’esprit surréaliste instillé dans les veines.

 

Ce séjour en Afrique fut l’occasion d’une correspondance entre le neveu d’une part, l’oncle Paul, sa famille et ses amis d’autre part : cet échange épistolaire de 900 pages sur papier pelure mit à contribution -entre autres- Magritte, Mariën, Scutenaire, les Piqueray, Alechinsky, Dotremont. A son retour en Belgique en 1967, Robert retrouva les protagonistes de divers courants surréalistes belges : André Blavier et Temps mêlés, Théodore Koenig et Phantomas, André Balthazar et Daily- Bul. Ce fut à l’initiative d’André Blavier que la première exposition personnelle de Robert se tint à la Galerie Primaver à Verviers, en 1974.

 

Suivirent plusieurs expositions personnelles, notamment chez Isy Brachot à Bruxelles en 1977. Le surréalisme belge poursuivait entre- temps son petit bonhomme de chemin avec une nouvelle génération, dont font partie Tom Gutt, François Liénard et André Stas. Robert exposa à la Galerie La Marée de Tom Gutt et au Chalet de Haute Nuit de François Liénard. Au cours des années, Robert collabore à une vingtaine d’ouvrages, en illustre autant d’autres, et en publié sept.

 

Figurant au palmarès des surréalistes distingués par les instances,Robert figura, par le truchement de ses œuvres, dans diverses expositions comme “Tire la langue” ou les irréguliers du langage tenue à Paris, Bruxelles et Dunkerque en 1990 et 1991, à Séville en 1992 ; Les surréalistes à Milan et Francfort en 1989, à Bucarest en 2004 ; René Magritte et le surréalisme en Belgique à Bruxelles, Hambourg et Rome en 1982 ; 150 ans d’art belge dans les collections des Musées royaux des Beaux-arts de Belgique à Bruxelles en 1980 ; Daily-Bul & C° à Saint-Paul-de-Vence, Bruxelles, Paris et Aix-la-Chapelle en 1976.

 

Il décède en 2011, emportant avec lui son monde merveilleux, non sans nous laisser des indices pour nous y balader.

 

Ariane Willems, janvier 2024